LUCITE ET ALLERGIE AU SOLEIL

Les allergies au soleil ou lucites sont des éruptions déclenchées par les rayons solaires. La lucite estivale bénigne est la plus fréquente, elle est souvent qualifiée « d’allergie au soleil ». Une protection solaire stricte qui proscrit les « bains de soleil » permet souvent de l’éviter, la prise préventive d’antipaludéens de synthèse évite les poussées dans les cas plus sérieux

Qu’est-ce que l’allergie au soleil ?

Les lucites (du latin lux: lumière), sont un groupe de maladies de la peau déclenchées par certains rayons du soleil.

Les dermatologues les ont classées en différentes catégories en fonction de leurs symptômes. Les éruptions phototoxiques ou photoallergiques surviennent après la prise de certains médicaments ou dans les suites de l’application de produits sur la peau (parfums, citron, figuier et même parfois écrans solaires….). Certaines personnes déclenchent des réactions au soleil sans avoir pris aucun médicament ni appliqué aucun produit : elles ont une maladie de la peau appelée « lucite idiopathique », ou polymorphous light eruptions par les anglo-saxons.

Quelles sont les différentes variétés de lucite ?

La lucite estivale bénigne (LEB)

C’est la plus fréquente des lucites, son origine est inconnue. Cette « allergie solaire » touche généralement les femmes jeunes vers l’âge de 24 ans. Cette éruption solaire apparaît en général douze heures près une exposition solaire intense, le plus souvent lors des premiers soleils. La lucite se traduit par des boutons et des démangeaisons qui apparaissent sur le décolleté et les bras mais le visage n’est jamais atteint. La lucite estivale provoque de multiples petits boutons roses à peine surélevés, ils sont séparés entre eux par un intervalle de peau normale. Si l’on ne fait aucun traitement « l’allergie au soleil » dure environ une semaine et disparaît toute seule. Cette lucite va recommencer ensuite après chaque exposition au soleil mais s’atténue pour disparaître avec le bronzage. Elle récidive en général l’année suivante.

La lucite polymorphe

Elle est beaucoup moins fréquente. Cette lucite survient le plus souvent chez un adulte jeune de 10 à 30 ans, mais peut se rencontrer à tout âge. L’éruption solaire apparaît dès une exposition aux premiers soleils, parfois même lorsque celle-ci est modérée. Les boutons de la lucite polymorphe prennent des aspects variés : petits boutons roses surélevés ou plus larges plaques rouges comme des piqûres d’orties, petits boutons rouges très prurigineux remplis de sérosité (eczéma), boutons regroupés en forme de cercle. La lucite polymorphe touche le décolleté et les bras mais à l’inverse de la lucite estivale, la lucite polymorphe peut toucher aussi le visage, le dos des mains et derrière les oreilles. La lucite polymorphe s’étend plus rarement aux zones couvertes. Contrairement à la lucite estivale, la lucite polymorphe persiste à chaque exposition au soleil, même une fois que la peau est bronzée. Les boutons de la lucite polymorphe, peuvent persister en hiver, même lorsqu’on ne s’expose plus au soleil. La lucite polymorphe récidive et s’aggrave d’année en année, c’est une affection chronique.

La photodermatose printanière juvénile(ou éruption printanière des oreilles)

La photodermatose printanière juvénile est plutôt rare mais pas exceptionnelle. Elle touche généralement des jeunes garçons âgés de 5 à 12 ans. L’éruption solaire apparaît dès les premiers soleils, après une exposition solaire par temps froid. Il se forme des petits boutons au dessus des oreilles qui se transforment en croûtes et disparaissent en une dizaine de jours sans laisser de marque. Cette éruption se produit pendant quelques années, uniquement lors des premiers soleils, puis finit par disparaître toute seule.

L’urticaire solaire

C’est une une forme d’urticaire (plaques rouges surélevées qui démangent et ressemblent à des piqûres d’ortie) déclenchée par la lumière. L’urticaire solaire est en général déclenchée les rayons ultraviolets (UV) ou même parfois la lumière visible ! Après une courte exposition solaire (15 min environ), surviennent des boutons et des plaques qui démangent fortement et ressemblent à des piqûres d’orties. Ces boutons disparaissent en quelques heures sans traitement lorsque le patient n’est plus au soleil. L’urticaire solaire est une affection qui se prolonge souvent pendant plusieurs années. Cette « allergie solaire » peut-être extrêmement gênante dans la vie de tous les jours, dans des cas extrêmes l’urticaire solaire peut empêcher d’étendre son linge ou de se promener quelques minutes dans la rue…

Autres lucites

Le prurigo actinique, la dermatite actinique chronique, et l’hydroa vacciniforme sont des affections exceptionnelles.

Le soleil est-il toujours responsable de l’allergie au soleil ?

Par définition, les lucites sont déclenchées par les rayons ultraviolets du soleil. Une poussée de boutons qui débute en hiver sans aucune exposition solaire n’est donc jamais une lucite. Il faut cependant se méfier d’une exposition qui peut être indirecte, à travers une vitre, un pare-brise de voiture, ou par réverbération des rayons solaires (sous un parasol par exemple).

Comment savoir si l’on a une allergie au soleil ?

Le dermatologue diagnostique en général aisément une lucite estivale ou une photodermatose printanière juvénile, qui ne nécessitent en général pas d’investigation complémentaire.
Le recours à des explorations complémentaires spécialisées est parfois nécessaire. Ces explorations sont réalisées dans un centre spécialisé en photodermatologie ou il existe des consultations de « photobiologie ». Un photodermatologue fera des phototests en illuminant des zones de votre peau avec petites quantités d’ultraviolets sur l’épaule et dans le dos. On peut si nécessaire placer les patients en cabine d’ultraviolet pour reproduire une exposition solaire de tout le corps. Les tests sont lus 48 heures plus tard. S’ils reproduisent les lésions dont se plaint le patient, les tests sont dits positifs, et on peut porter le diagnostic de lucite. On peut également savoir quel type de rayonnement est responsable de l’éruption : UVA, UVB, ou lumière visible. Ceci permettra de se protéger au mieux en choisissant un filtre solaire (crème solaire) adapté. Dans les cas d’urticaire solaire, la lecture à 48 heures n’est pas nécessaire, les lésions apparaissant très rapidement dès l’application des tests.

Les autres éruptions solaires

Il existe d’autres affections provoquées ou aggravées par une exposition au soleil.

Le lupus érythémateux est une maladie où il existe une extrême sensibilité au soleil (photosensibilité) qui peut déclencher une éruption du visage (sur les joues et autour du nez) et provoquer des poussées de la maladie

Les porphyries cutanées forment un groupe d’affections familiales rares où l’on peut avoir des éruptions déclenchées par l’exposition au soleil. La porphyrie cutanée tardive provoque des cloques et des croûtes qui peuvent laisser des marques sur le dos des mains et le visage.

Les éruptions médicamenteuses : Il existe de nombreux médicaments incriminés qui peuvent provoquer une éruption au soleil : antibiotiques (tétracyclines, fluoroquinolones, sulfonamides), anti inflamamtoires, diurétiques (furosémide), antidiabétiques dérivés des sulfamides, antifongiques (griséofulvine), tranquilisants (phénotiazines)… Il faut bien vérifier que le médicament que vous prenez ne réagit pas au soleil avant de vous exposer. Les traitements de l’acné comme le péroxyde de benzoyle en crème ou les tétracyclines par voie orale réagissent au soleil.

Les éruptions au soleil après contact avec une substance toxique comme des huiles essentielles de plante (contenues dans les plantes ou les parfums), le citron, le figuier, des goudrons, des colorants (éosine) ou des traitements locaux (anti-inflammatoires (KETUM® gel par exemple qui est très fréquemment en cause, péroxyde de benzoyle, résorcine). Ces éruptions sont des sortes de « brûlures » superficielles de la peau et peuvent laisser des traces pigmentées. Elles se produisent chez tout le monde s’il y a exposition solaire après application du produit. Certaines personnes sensibilisées peuvent développer une allergie à un produit, uniquement lorsqu’elles s’exposent au soleil (ce qui peut être le cas avec un composant contenu dans une crème solaire).

L’herpès solaire : certains patients développent une poussée d’herpès après chaque exposition au soleil. Cette poussée peut-être prévenue par la prise d’un antiviral avant toute exposition et pendant toute la durée de celles ci.

Certaines maladies de la peau peuvent être aggravées par le soleil, c’est le cas de l’acné, de la rosacée, de la dermite séborrhéique et même paradoxalement du psoriasis et de l’eczéma atopique que le soleil améliore le plus souvent.

Certaines maladie de peau peuvent se ressembler et être confondues avec une lucite, ce peut être le cas du lupus érythémateux, de la rosacée, d’une urticaire, d’une acné, d’un eczéma ou d’une sarcoïdose…

Existe-t-il des traitements efficaces de la l’allergie au soleil ?

LA PREVENTION
La protection solaire : Le principal traitement est de se protéger du soleil. Il faut éviter de s’exposer volontairement au soleil et se protéger avec des vêtements adaptés. Les écrans solaires sur le marché sont très efficaces contre les rayons du soleil (UVA et UVB). Un écran maximal (très forte protection ou SPF 50+) est généralement recommandé. Il est en général indispensable de renouveler l’application régulièrement (au moins trois fois par jour) et après chaque baignade. Le port de chapeau à large bord, de vêtements couvrants et de lunettes de soleil est aussi recommandé. Il faut se méfier des ciels nuageux, qui sont trompeurs car les nuages laissent passer les ultraviolets même s’ils filtrent les rayons infra-rouges qui donnent un signal de chaleur sur la peau. L’idéal est donc de consulter l’index solaire du jour qui donne ville par ville les protections à appliquer selon l’intensité du soleil prévue pour chaque journée.

Les caroténoïdes : Ce sont des photoprotecteurs reconnus. Le Phénoro (bêta carotène et canthaxanthine) était utilisé, mais il n’est plus commercialisé. Des caroténoïdes sont présents dans des compléments alimentaires associés à d’autres agents comme vitamine E, vitamine C, sélénium, les huiles de poisson etc. (Photoderm oral®, Oenobiol solaire®, Oxelio®, etc.). Aucune étude ne permet à ces produits de revendiquer une efficacité pour prévenir la lucite, mais ils entraînent un bénéfice chez certains patients.

Acide para amino-Benzoïque (PABA) : il est parfois utilisé avec de bons résultats pour la prévention de la lucite estivale bénigne. Le dermatologue prescrit le Pabasun® à la dose de 4 à 6 cp/j (1 comprimé à 500 mg/10 kg de poids), en trois prises pendant des repas. Le traitement sera débuté 15 jours avant le début de l’exposition solaire et poursuivie durant celle-ci.

La vitamine PP (nicotinamide)
 : Il est prescrit (Nicobion 500®) avec des résultats variables. Si certains auteurs ont retrouvé une efficacité intéressante, d’autres pensent que ce traitement n’est pas efficace.

Les antipaludéens de synthèse (Plaquenil®, Nivaquine®) : les antipaludéens de synthèse sont efficaces pour la « prévention des lucites ». Le traitement doit être débuté 7 jours avant le début de l’exposition et poursuivi pendant la durée de la photosensibilité. La prise d’antipaludéens de synthèse nécessite un bilan ophtalmologique avant sa mise en route et régulièrement chaque année s’il est utilisé plus de trois mois par an.

Les antihistaminiques (Aerius, Xyzall, Kestin…): Il sont utiles pour la prévention et/ou le traitement des symptômes de l’urticaire solaire ou des lucites bénignes, un ou deux anti-histaminiques peuvent être recommandés.

Les ultraviolets : la photothérapie est le traitement préventif qui donne les meilleurs résultats, son efficacité est excellente dans la plupart des cas. Des cures de photothérapie en cabine peuvent être recommandées par le dermatologue pour « préparer la peau au soleil ». Les séances de photothérapie permettent de délivrer des doses croissantes de rayons ultraviolets, qui entraînent une tolérance progressive de la peau au soleil.

EN CAS D’ERUPTION
Les crèmes à la cortisone (dermocorticoides), de niveau modéré à fort, permettent de soulager les démangeaisons et de diminuer l’intensité de l’éruption. Ils peuvent être prescrit par le dermatologue pendant quelques jours.

Les antihistaminiques (Aerius, Xyzall, Kestin…) diminuent l’intensité des démangeaisons au cours des lucites bénignes et de l’urticaire solaire.

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